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Prix honorifique Mercure, Madame Irène Chabot, 2004

Un de ces matins froids de janvier 1988, comme seule la Saskatchewan peut nous en fournir des exemples, la Cour suprême du Canada rendait son jugement dans la cause du Père Mercure. Pendant une trop brève période, le statut de la Saskatchewan comme province bilingue fut reconnu et connu. Malheureusement, la bonne nouvelle fut atténuée par l’adoption de la Loi 2 qui est venue qualifier les obligations de la province en matière de langues officielles. Depuis ce temps, comme le dit le proverbe, «Le petit train va loin», et graduellement une reconnaissance des langues officielles dans les entrailles gouvernementales fait son chemin et des services en français se font voir graduellement, trop lentement à notre goût, mais de plus en plus!

Évidemment, tout le monde connaît l’implication du Père Mercure dans ce long cheminement mais aujourd’hui j’aimerais vous présenter une personne qui a été également instrumentale dans ces méandres judiciaires.

Irène Fournier est née à Montréal mais a été élevée dans la communauté de Ferland en Saskatchewan. Elle travaille dans l’entreprise familiale et un beau grand jeune homme de la région, Alfred Chabot, lui fait la grande demande. Commence ainsi un cheminement de vie qui démontrera son amour pour sa famille, sa paroisse, sa communauté et l’importance que la langue française et la culture ont pour elle.

C’est dans les traces de sa mère, Pearl Kemp-Fournier, qui fonde la section de Ferland de la Fédération des femmes canadiennes-françaises, la première section à l’extérieur de l’Ontario, qu’Irène Chabot s’engage dorénavant dans un long cheminement de bénévolat.

D’abord, elle est membre du directorat du poste de CFRG-AM, la radio française à Gravelbourg de 1958 à 1970. Présidente du foyer-école à Ferland de 1959 à 1964, elle fut membre du Conseil consultatif des collèges communautaires de la Saskatchewan région sud-ouest.

Et puis, on la retrouve à différents postes au sein du mouvement de femmes, tant au niveau local, régional que national. De 1973 à 1979, elle accepte les postes de la vice-présidence et de représentant des quatre provinces de l’Ouest au Conseil d’administration de la Fédération des femmes canadiennes-françaises qui a son siège à Ottawa. Elle y reviendra comme représentante provinciale de la Saskatchewan de 1987 à 1989.

De 1973 à 1977, elle est membre du conseil d’administration de l’Association culturelle franco-canadienne de la Saskatchewan (ACFC). A cette époque, l’ACFC cherche à démontrer le statut des langues officielles en Saskatchewan, province qui tout comme l’Alberta, avait été découpée des Territoires du Nord-Ouest d’alors. Pendant ses trois mandats à la présidence (1977-1979, 1979-1981, 1981-1983), le Père André Mercure se prête à la stratégie de revendication suite à une contravention pour excès de vitesse. (une infraction qui lui était assez commune, le Père Mercure voulant desservir avec célérité ses communautés et filant généralement à vive allure). Sous la présidence d’Irène chabot, des démarches sont donc entreprise pour faire avancer le dossier dans le dédalle des différents paliers juridiques, de la Cour de la Saskatchewan, en passant par la Cour d’appel et finalement à la Cour Suprême du Canada.

«Ma tante Irène», comme on se plaît bien à l’appeler familièrement, dans sa vision de la situation de la femme tant au pays qu’en Saskatchewan, décide également de prendre les choses en main, pour ne pas dire « le volant en main » et se fait également arrêter pour « tout petit excès de vitesse » qui l’amènera elle-même à contester le principe de se faire donner une contravention uniquement en anglais.

Au fil des ans, on retrouvera également Irène Chabot au Comité consultatif canadien de la situation de la femme comme représentante de la Saskatchewan, de 1978 à 1981. Elle siégera également au Programme de contestation judiciaire de 1985 à 1990, programme fort connu de la Communauté fransaskoise, principalement dans le dossier éducation.

On la retrouvera également au premier comité de concertation provincial des Fransaskois pour la première entente Canada-Communauté fransaskoise; bénévole pendant cinq ans à L’Eau vive; vice-présidente de l’amicale féminin du Collège Mathieu; présidente de la Corporation du Collège mathieu de 1984 à 1994; présidente du Comité consultatif de la minorité de langue officielle auprès du ministre de l’éducation de la Saskatchewan; membre du comité de liaison du Centre d’études bilingues de l’Université de Regina; membre fondatrice et membre du conseil d’administration de Télé-Canada; membre du conseil d’administration du Centre des arts de Regina; et la liste peut encore s’allonger.

Depuis 1995, Irène Chabot continue son bénévolat auprès de sa paroisse, des femmes et du Collège Mathieu. Pour nous, sa présence signale toujours un appui tangible et très encourageant pour la présence des femmes dans les différents aspects de nos vies de tous les jours.

Récipiendaire de l’Ordre des francophones d’Amérique en 1982, de La Pléiade, l’ordre de la francophonie et du dialogue des cultures de l’Assemblée internationale des parlementaires de langue française en 1987, membre de la Compagnie des Cent-Associés francophones, son leadership a permis à la Communauté fransaskoise de faire des avancées tant au niveau juridique que dans l’accès à des services en français en Saskatchewan.

Mère de deux filles et trois fils, grand-mère plusieurs fois, elle jouit aussi encore beaucoup de la présence et de l’encouragement de son mari dans sa vie à l’extérieur de son foyer, dans un cadre où la famille, l’église et la communauté francophone occupent une place proéminente. A ce titre, l’obtention du prix honorifique Mercure 2004 sied tout naturellement à Irène Chabot.

Michel Vézina, le 7 février 2004

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